Conférence en ligne

Jeudi 28 avril à 19h00
(Heure de Montréal) 
Sur Zoom : https://uqam.zoom.us/j/89468614890
 
 Sous le regard de Bastet : Nature et identité du pouvoir durant la 22e dynastie 

par Perrine Poiron 
Docteure en égyptologie 
UQAM & Sorbonne Université  


    Parmi les principes fondamentaux qui régissent la civilisation égyptienne, celui de la légitimation du pouvoir se trouve au cœur de nos préoccupations. Lors de ce processus, les sphères cosmique et terrestre sont étroitement imbriquées, le roi nouvellement couronné étant d'emblée considéré comme l'héritier de divinités masculines majeures, telles que Rê ou encore Amon. Or, si ce cas de figure est bien la règle, des exceptions existent et méritent d’être étudiées et mises en valeur.  Il s’avère que l’ascendance prise par certaines divinités féminines dans l’idéologie royale égyptienne, si elle puise ses racines fort loin et est attestée dès les Textes des Pyramides, n’est clairement mise en discours qu’à partir de la XXIIe dynastie (~943-731). En effet, durant toute cette période, certaines déesses furent spécifiquement associées à la figure de la mère royale et, dans leur titulature, les rois privilégièrent les épithètes : « fils d’Isis », « fils de Bastet » et « fils de Neith ». 
Cet attachement à ces entités divines féminines est encore extrêmement présent sous le règne de Nectanebo II (~360-343), dernier pharaon autochtone de l’Égypte, qui se proclama tout à la fois « fils de Bastet » et « fils de Neith ». Ainsi, ce changement dans le discours monarchique, s’il intervient assez tard dans l’histoire de l’État pharaonique, n’en est pas pour autant éphémère et perdure a contrario jusqu’aux derniers feux de la civilisation pharaonique. Nous considérons que l’étude d’un phénomène stable – l’implication de Bastet à l’intérieur du discours monarchique et son rôle de patronne dynastique – permettra d’appréhender l’idéologie et l’histoire de cette période sous un angle original. À travers ce nouveau prisme d’analyse, se dévoilent certains des ancrages idéologiques sur lesquels reposait le pouvoir durant cette période, menant à une meilleure appréhension de l’identité culturelle des rois de la XXIIe dynastie.